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— Maman dort, Nonoche. Ne la réveillons pas. Je reviendrai d’ici quelques jours, mais il ne faut pas qu’elle me voie aujourd’hui. Elle n’y est pas préparée, et ça lui ferait du mal. À bientôt, Nonoche. Dépêche-toi de grandir et de devenir un homme ; il y aura tant à faire pour toi, mon petit Nonoche, tant à faire, et de si belles choses !

Il se pencha et lui mit un baiser au front.

L’enfant tendait ses bras. Il répéta :

— Reste là, maman va venir… Ne bouge pas, mon chéri.

S’étant éloigné, il retourna près de Marcel, et durant quelques secondes hésita. Mais non, il ne fallait pas la réveiller. Il fallait partir avant que l’enfant ne l’appelât. Demain il écrirait ou il ferait écrire. Et cependant, combien c’était douloureux d’attendre !…

Il détacha du mur la photographie de l’enfant, prit une plume et inscrivit la date, 10 juillet, et, au-dessous, ces mots : « Vu et approuvé, le père de Nonoche. »

Il mit la photographie bien en vue, sur la page que Marceline n’avait pas achevée, regarda une dernière fois sa femme et partit.

Et il pensait que tout allait bien. La maison avait son enfant. Le père pourrait retourner à la bataille ; un fils était là qui le remplacerait plus tard…