— Maintenant, la retraite. On va rendre compte de l’affaire au capiston. Écoute… un bruit de galop… C’est les Boches !… Pas gymnastique, Renard. Une, deuss !… Une, deuss !…
Et, empochant le portefeuille, Duvauchel s’élança, flanqué de son camarade.
Quelques minutes après, les deux soldats,
certains de n’être pas poursuivis,
redescendaient l’autre versant de la colline.
Essoufflés, ils reprirent haleine un
moment, s’épongèrent le front et repartirent.
Le soleil tombait d’aplomb sur la
campagne et chauffait la route blanche.
On respirait un air de feu qui brûlait la
gorge.
Ils voulurent prendre un raccourci qui les mènerait au village. Mais ils se trompèrent, revinrent sur leurs pas, et, au croisement de deux chemins, ils aperçurent une petite auberge, accueillante avec ses volets mi-clos et l’ombre fraîche de son bosquet.
— Crebleu ! soupira Duvauchel, une auberge. Dix ans de ma vie pour un amer-citron à l’eau de Seltz !
— Ou pour une chopine de vin blanc, rectifia Renard.
— Amer-citron ou chopine, faudrait de quoi payer.
— Je comprends.
— Et alors, ta fortune ?