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— Maman, gémissait-il en sanglotant, ma chère maman !…

Jamais il n’avait été si heureux, et jamais plus d’amour n’avait gonflé son cœur. Il se sentait un autre homme, ardent et enthousiaste, plein d’audace et d’énergie.

Quelques minutes après, ses camarades envahissaient la grange.

— Ordre du capitaine ! On demande douze hommes de bonne volonté.

— J’en suis, dit Bergevin.

Rapidement il s’apprêta, et, comme il arrivait le premier au lieu de rassemblement, il prit la carte postale envoyée par sa mère, s’assit, et, sur son genou, écrivit :

« Maman chérie, je savais bien que tu m’aimais, mais je vois que tu m’aimes plus encore que je ne croyais. Merci pour ta lettre, maman adorée, et merci pour tes cadeaux. Je vais me battre. Mais ne crains rien : j’ai revêtu mes vieilles affaires. Que peut-il m’arriver maintenant que toute la tendresse de ma mère veille autour de moi et me protège contre les balles ? »

Le soir Bergevin était cité à l’ordre de l’armée.