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tait. Il ne voulait pas mourir. Pourtant, du haut en bas, ses nerfs se tordaient. La chair de sa poitrine s’en allait en lambeaux pantelants. Et son sang coulait, son sang descendait des plus lointains rameaux, et lentement, goutte à goutte, se perdait par les fentes meurtrières.

Le bourreau continuait son œuvre sans remords.

N’osa-t-il pas, un soir d’orage, en compagnie d’une fille qu’il courtisait, demander un refuge à sa victime ?

L’arbre fut bon. Il accorda la protection de sa masse impénétrable. Ses feuilles se joignirent. Et la pluie ne passa point.

Loisel et la jeune fille s’assirent. Depuis longtemps, il la poursuivait en vain. Mais, ce soir-là, la chaleur était lourde et l’ombre propice. Et, sur le lit de mousse, il la posséda — tandis que le grand chêne veillait, complice indulgent et prêt au pardon.

Loisel épousa sa maîtresse et en eut un fils qu’il appela Victor. Puis un travail momentané l’éloigna de la Mare-au-Leu.