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promit ses conseils.

De fait, cette rencontre se répéta souvent. Dalvène y prenait plaisir. Il enseignait à son élève ses coups favoris. L’autre les exécutait aisément.

Or, il arriva que, dans plusieurs de ces assauts, sur une attaque toujours semblable, Mauseny répondit par la même riposte. Cette coïncidence frappa Dalvène. Il insista. La riposte ne variait pas.

C’est à la suite d’une nouvelle expérience que l’idée, contenue en ce simple fait, se dégagea. Ils se reposaient tous deux sur une banquette, le corps en sueur, la figure rouge, et Dalvène, le regardant, se dit soudain :

— C’est lui qui me tuera, il faut qu’il me tue.

En une seconde son plan fut arrêté. Rien ne s’opposait à sa réalisation. Il choisit la date, le lieu, l’heure où il succomberait. Il ne lui restait plus qu’à préparer son suicide de façon mathématique.

Dès le lendemain il pria Mauseny de venir chez lui quotidiennement pour mieux travailler. Là, il ne fortifia son élève qu’avec mollesse sur les différents principes de l’escrime. Un unique but dominait les leçons, l’exécution réitérée