un peu triste, mais glorieux, se dégageait d’un tel passé !
Inévitablement ils parlèrent de ces choses. Le boudoir, capitonné d’étoffes épaisses, à peine éclairé par une lampe à grand abat-jour, avait une discrétion de confessionnal. La voix s’y faisait sourde. On chuchotait. En sœur expérimentée, elle l’interrogea. Amolli, confiant, prêt aux aveux, il répondit :
— Est-ce de l’amour, ces deux ou trois caprices d’enfant pour des amies de mon âge ? Non. Ce que j’aimais, c’était la multitude des étoiles admirées auprès d’un autre être, c’était le mystère des bois parcourus avec lui, le parfum des fleurs respirées à ses côtés. Mais elles-mêmes, en tant que femmes, je ne les aimais pas. Je ne leur demandais rien. Au départ, on se baisait au front…
Elle sourit :
— Au front ?
— Oui, affirma-t-il, au front. J’étais novice, mes désirs se bornaient là.
Et il ajouta :
— Voilà tout jusqu’ici. Ce n’est pas aimer, n’est-ce pas ? et je voudrais tant, j’ai un tel arriéré d’affection !…
Elle l’écoutait attentive et remuée. Et tandis que son esprit s’appliquait aux phrases émises, des pensées étrangères l’agitaient à son insu. Involontairement, elle établissait entre elle et lui une comparaison douloureuse. Il disait ses rêves — elle était irrémédiablement condamnée aux souvenirs. Il arrangeait d’imagi-