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quelque mérite spécial.

En revanche ses voisins le considéraient curieusement. Il se rapprocha d’eux, les prit un à un, en mots brefs leur raconta des bribes de son aventure, et les supplia humblement de lui céder leur tour :

— La situation est terrible… ma femme me trompe… c’est une question de minutes.

On consentit. Et quand la porte du bureau s’ouvrit une seconde fois, M. Brique se rua.

— Vite, vite, s’exclamait-il, votre chapeau, votre canne, votre écharpe et venez… Charlotte est avec son amant, nous allons la pincer.

Le commissaire s’assit. C’était un homme méthodique et grave, scrupuleux dans l’exercice de ses fonctions, s’amusant volontiers dans la vie privée. Outre que son instinct de célibataire l’indisposait en général contre les maris, ses habitudes dissipées le rendaient favorable aux femmes. Il dit sèchement :

— Je n’ai pas l’autorisation du parquet.

M. Brique balbutia :

— Quelle autorisation ?

— Celle qui me permettra de constater le flagrant délit.

— Mais, monsieur, gémit M. Brique, il ne s’agit pas de cela. J’ai aperçu chez moi, hier, Charlotte dans les bras d’un de mes amis, M. Doussin. À travers une portière, j’ai écouté. Elle lui accordait un rendez-vous, le premier, monsieur,