Page:Leblanc - Arsène Lupin gentleman-cambrioleur.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
ARSÈNE LUPIN

Un grand silence accueillit ces paroles. Le président, interloqué d’abord, s’écria :

— Ah ! ça, que dites-vous ! vous êtes fou.

L’inspecteur affirma posément :

— À première vue, on peut se laisser prendre à une ressemblance, qui existe en effet, je l’avoue, mais il suffit d’une seconde d’attention. Le nez, la bouche, les cheveux, la couleur de la peau… enfin quoi : ce n’est pas Arsène Lupin. Et les yeux donc ! a-t-il jamais eu ces yeux d’alcoolique ?

— Voyons, voyons, expliquons-nous. Que prétendez-vous, témoin ?

— Est-ce que je sais ! Il aura mis en son lieu et place un pauvre diable que l’on allait condamner en son lieu et place… À moins que ce ne soit un complice.

Des cris, des rires, des exclamations partaient de tous côtés dans la salle qu’agitait ce coup de théâtre inattendu. Le président fit mander le juge d’instruction, le directeur de la Santé, les gardiens, et suspendit l’audience.

À la reprise, M. Bouvier et le directeur, mis en présence de l’accusé, déclarèrent qu’il n’y avait entre Arsène Lupin et cet homme qu’une très vague similitude de traits.

— Mais alors, s’écria le président, quel est cet homme ? D’où vient-il ? comment se trouve-t-il entre les mains de la justice ?

On introduisit les deux gardiens de la Santé.