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ARSÈNE LUPIN


Il commanda un bock et un paquet de cigarettes. Il vida son verre à petites gorgées, fuma tranquillement une cigarette, en alluma une seconde. Enfin, s’étant levé, il pria le garçon de faire venir le gérant.

Le gérant vint, et Arsène lui dit, assez haut pour être entendu de tous :

— Je suis désolé, Monsieur, j’ai oublié mon porte-monnaie. Peut-être mon nom vous est-il assez connu pour que vous me consentiez un crédit de quelques jours : Arsène Lupin.

Le gérant le regarda, croyant à une plaisanterie. Mais Arsène répéta :

— Lupin, détenu à la Santé, actuellement en état d’évasion. J’ose croire que ce nom vous inspire toute confiance.

Et il s’éloigna, au milieu des rires, sans que l’autre songeât à réclamer.

Il traversa la rue Soufflot en biais et prit la rue Saint-Jacques. Il la suivit paisiblement, s’arrêtant aux vitrines et fumant des cigarettes. Boulevard de Port-Royal, il s’orienta, se renseigna, et marcha droit vers la rue de la Santé. Les hauts murs moroses de la prison se dressèrent bientôt. Les ayant longés, il arriva près du garde municipal qui montait la faction, et retirant son chapeau :

— C’est bien ici la prison de la Santé ?

— Oui.