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GENTLEMAN-CAMBRIOLEUR


La musique avait cessé de jouer, on vida les fourgons, on réintégra les meubles.

Au milieu de cette agitation, Nelly resta seule à l’extrémité de la terrasse. Elle était grave et soucieuse, agitée de pensées confuses qu’elle ne cherchait pas à formuler. Soudain, elle aperçut Velmont qui s’approchait. Elle souhaita de l’éviter, mais l’angle de la balustrade qui borde la terrasse l’entourait de deux côtés, et une ligne de grandes caisses d’arbustes, orangers, lauriers-roses et bambous, ne lui laissait d’autre retraite que le chemin par où s’avançait le jeune homme. Elle ne bougea pas. Un rayon de soleil tremblait sur ses cheveux d’or, agité par les feuilles frêles d’un bambou. Quelqu’un prononça très bas :

— J’ai tenu ma promesse de cette nuit.

Arsène Lupin était près d’elle, et autour d’eux il n’y avait personne.

Il répéta, l’attitude hésitante, la voix timide :

— J’ai tenu ma promesse de cette nuit.

Il attendait un mot de remerciement, un geste du moins qui prouvât l’intérêt qu’elle prenait à cet acte. Elle se tut.

Ce mépris irrita Arsène Lupin, et, en même temps, il avait le sentiment profond de tout ce qui le séparait de Nelly, maintenant qu’elle savait la vérité. Il eût voulu se disculper, chercher des excuses, montrer sa vie dans ce qu’elle avait d’audacieux et de grand. Mais, d’avance, les

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