Page:Leblanc - Arsène Lupin gentleman-cambrioleur.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.
282
ARSÈNE LUPIN

en présence l’un de l’autre dans ce château et à cette heure de la nuit, qu’ils ne bougeaient point et ne prononçaient pas une parole, stupéfaits, comme hypnotisés par l’apparition fantastique qu’ils étaient l’un pour l’autre.

Chancelante, brisée d’émotion, miss Nelly dut s’asseoir.

Il resta debout en face d’elle. Et peu à peu, au cours des secondes interminables qui s’écoulèrent, il eut conscience de l’impression qu’il devait donner en cet instant, les bras chargés de bibelots, les poches gonflées, et son sac rempli à en crever. Une grande confusion l’envahit, et il rougit de se trouver là, dans cette vilaine posture du voleur qu’on prend en flagrant délit. Pour elle, désormais, quoi qu’il advînt, il était le voleur, celui qui met la main dans la poche des autres, celui qui crochète les portes et s’introduit furtivement.

Une des montres roula sur le tapis, une autre également. Et d’autres choses encore allaient glisser de ses bras, qu’il ne savait comment retenir. Alors, se décidant brusquement, il laissa tomber sur le fauteuil une partie des objets, vida ses poches et se défit de son sac.

Il se sentit plus à l’aise devant Nelly, et fit un pas vers elle avec l’intention de lui parler. Mais elle eut un geste de recul, puis se leva vivement, comme prise d’effroi, et se précipita