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ARSÈNE LUPIN

peut dire que c’est dans cette affaire qu’il reçut le baptême du feu. Prêt au combat il est vrai, armé de toutes pièces, mais sans ressources, sans l’autorité que donne le succès, Arsène Lupin n’était qu’apprenti dans une profession où il devait bientôt passer maître.

Aussi quel frisson de joie à son réveil, quand il se rappela l’invitation de la nuit ! Enfin il touchait au but ! Enfin il entreprenait une œuvre digne de ses forces et de son talent ! Les millions des Imbert, quelle proie magnifique pour un appétit comme le sien !

Il fit une toilette spéciale, redingote râpée, pantalon élimé, chapeau de soie un peu rougeâtre, manchettes et faux-cols effiloqués, le tout fort propre, mais sentant la misère. Comme cravate, un ruban noir épinglé d’un diamant de noix à surprise. Et, ainsi accoutré, il descendit l’escalier du logement qu’il occupait à Montmartre. Au troisième étage, sans s’arrêter, il frappa du pommeau de sa canne sur le battant d’une porte close. Dehors il gagna les boulevards extérieurs. Un tramway passait. Il y prit place, et quelqu’un qui marchait derrière lui, le locataire du troisième étage, s’assit à son côté.

Au bout d’un instant, cet homme lui dit :

— Eh bien, patron ?

— Eh bien, c’est fait.

— Comment ?