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ARSÈNE LUPIN

entourait l’hôtel aurait dû être fraîchement foulée : elle ne l’était pas.

J’avoue que je n’eus point l’idée de m’adresser à la police, tellement les faits qu’il m’eût fallu exposer étaient inconsistants et absurdes. On se fût moqué de moi. Mais, le surlendemain, c’était mon jour de chronique au Gil Blas, où j’écrivais alors. Obsédé par mon aventure, je la racontai tout au long.

L’article ne passa pas inaperçu, mais je vis bien qu’on ne le prenait guère au sérieux, et qu’on le considérait plutôt comme une fantaisie que comme une histoire réelle. Les Saint-Martin me raillèrent. Daspry, cependant, qui ne manquait pas d’une certaine compétence en ces matières, vint me voir, se fit expliquer l’affaire et l’étudia… sans plus de succès d’ailleurs.

Or, un des matins suivants, le timbre de la grille résonna, et Antoine vint m’avertir qu’un monsieur désirait me parler. Il n’avait pas voulu donner son nom. Je le priai de monter.

C’était un homme d’une quarantaine d’années, très brun, de visage énergique, et dont les habits propres, mais usés, annonçaient un souci d’élégance qui contrastait avec ses façons plutôt vulgaires.

Sans préambule, il me dit — d’une voix éraillée, avec des accents qui me confirmèrent la situation sociale de l’individu :