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« monsieur sholmès, je vais vous gronder si vous réveillez mon malade. ce n’est pas bien à vous de le déranger. » (p. 81).


CHAPITRE II


« Voyez-vous, mon vieux camarade, disait Sholmès à Wilson, en brandissant le pneumatique d’Arsène Lupin, ce qui m’exaspère dans cette aventure, c’est de sentir continuellement posé sur moi l’œil de ce satané gentleman. Aucune de mes pensées les plus secrètes ne lui échappe. J’agis comme un acteur dont tous les pas sont réglés par une mise en scène rigoureuse, qui va là et qui dit cela, parce que le voulut ainsi une volonté supérieure. Comprenez-vous, Wilson ? »

Wilson eût certainement compris s’il n’avait dormi le profond sommeil d’un homme dont la température varie entre quarante et quarante-un degrés. Mais qu’il entendît ou non, cela n’avait aucune importance pour Sholmès qui continuait :

« Il me faut faire appel à toute mon énergie et mettre en œuvre toutes mes ressources pour ne pas me décourager. Heureusement qu’avec moi, ces petites taquineries sont autant de coups d’épingle qui me stimulent. Le feu de la piqûre apaisée, la plaie d’amour-propre refermée, j’en arrive toujours à me dire : « Amuse-toi bien, mon bonhomme. Un moment ou l’autre, c’est toi-même qui te trahiras. » Car, enfin, Wilson, n’est-ce pas Lupin, qui, par sa première dépêche et par la réflexion qu’elle a suggérée à la petite Henriette, n’est-ce pas lui qui m’a livré le secret de sa correspondance avec Alice Demun ? Vous oubliez ce détail, vieux camarade. »

Il déambulait dans la chambre, à pas sonores, au risque de réveiller le vieux camarade.

« Enfin ! ça ne va pas trop mal, et si les chemins que je suis sont un peu obscurs, je commence à m’y retrouver. Tout d’abord, je vais être fixé sur le