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nom de Mme de Réal, qui est celui — ou à peu près — d’une honnête commerçante, dont les cheveux sont dorés et la figure pâle. Et le bon Lupin se disait : « Si jamais le mauvais Ganimard est sur la piste de la Dame blonde, combien il pourra m’être utile de le faire dévier sur la piste de l’honnête commerçante ! » Sage précaution et qui porte ses fruits. Une petite note envoyée au journal du mauvais Ganimard, un flacon d’odeur oublié volontairement par la vraie Dame blonde à l’hôtel Beaurivage, le nom et l’adresse de Mme Réal écrits par cette vraie Dame blonde sur les registres de l’hôtel, et le tour est joué. Qu’en dites-vous, Ganimard ? J’ai voulu vous conter l’aventure par le menu, sachant qu’avec votre esprit vous seriez le premier à en rire. De fait, elle est piquante, et j’avoue que, pour ma part, je m’en suis follement diverti.

« À vous donc merci, cher ami, et mes bons souvenirs à cet excellent M. Dudouis.

« Arsène Lupin. »

— Mais il sait tout ! gémit Ganimard, qui ne songeait nullement à rire, il sait des choses que je n’ai dites à personne ! Comment pouvait-il savoir que je vous demanderais de venir, chef ? Comment pouvait-il savoir ma découverte du premier flacon ?… Comment pouvait-il savoir ?…

Il trépignait, s’arrachait les cheveux, en proie au plus tragique désespoir.

M. Dudouis eut pitié de lui.

— Allons, Ganimard, consolez-vous, on tâchera de mieux faire une autre fois.