Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, 1908.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

compromettre. Le ténor italien en risqua cent cinquante, une sociétaire des Français cent soixante-quinze.

À deux cent mille francs néanmoins, les amateurs se découragèrent. À deux cent cinquante mille, il n’en resta plus que deux, Herschmann, le célèbre financier, le roi des mines d’or, et la comtesse de Crozon, la richissime Américaine dont la collection de diamants et de pierres précieuses est réputée.

— Deux cent soixante mille… deux cent soixante-dix mille… soixante-quinze… quatre-vingt… proférait le commissaire, interrogeant successivement du regard les deux compétiteurs… Deux cent quatre-vingt mille pour madame… Personne ne dit mot ?

— Trois cent mille, murmura Herschmann.

Un silence. On observait la comtesse de Crozon. Debout, souriante, mais d’une pâleur qui dénonçait son trouble, elle s’appuyait au dossier de la chaise placée devant elle. En réalité, elle le savait et tous les assistants le savaient aussi, l’issue du duel n’était pas douteuse : logiquement, fatalement, il devait se terminer à l’avantage du financier, dont les caprices étaient servis par une fortune de plus d’un demi-milliard. Pourtant, elle prononça :

— Trois cent cinq mille.

Un silence encore. On se retourna vers le roi des mines, dans l’attente de l’inévitable surenchère. Il était certain qu’elle allait se produire, forte, brutale, définitive.

Elle ne se produisit point. Herschmann restait impassible, les yeux fixés sur une feuille de papier que tenait sa main droite,