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— Impossible, puisque vous l’avez trouvé gisant, inanimé, à un endroit distant de plus de quatre mètres du bouton d’appel.

— Alors, il a sonné pendant la lutte.

— Impossible, puisque la sonnerie, avez-vous dit, fut régulière, ininterrompue, et dura sept ou huit secondes. Croyez-vous que son agresseur lui eût donné le loisir de sonner ainsi ?

— Alors, c’était avant, au moment d’être attaqué.

— Impossible, vous nous avez dit qu’entre le signal de la sonnerie et l’instant où vous avez pénétré dans la chambre, il s’est écoulé tout au plus trois minutes. Si donc le baron avait sonné avant, il aurait fallu que la lutte, l’assassinat, l’agonie et la fuite, se soient déroulés en ce court espace de trois minutes. Je le répète, c’est impossible.

— Pourtant, dit le juge d’instruction, quelqu’un a sonné. Si ce n’est pas le baron, qui est-ce ?

— Le meurtrier.

— Dans quel but ?

— J’ignore son but. Mais tout au moins le fait qu’il a sonné nous prouve-t-il qu’il devait savoir que la sonnerie communiquait avec la chambre d’un domestique. Or, qui pouvait connaître ce détail, sinon une personne de la maison même ?

Le cercle des suppositions se restreignait. En quelques phrases rapides, nettes, logiques, Ganimard plaçait la question sur son véritable terrain, et la pensée du vieil inspecteur apparaissant clairement, il sembla tout naturel que le juge d’instruction conclût :