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— Le meilleur argument serait ce bout de bois lui-même.

— Le voici, dit Sholmès, je l’ai ramassé dans le jardin, sous la caisse d’un laurier.

Le baron s’inclina. Il y avait quarante minutes que l’Anglais avait franchi le seuil de cette porte, et il ne restait plus rien de tout ce que l’on avait cru jusqu’ici sur le témoignage même des faits apparents. La réalité, une autre réalité, se dégageait, fondée sur quelque chose de beaucoup plus solide, le raisonnement d’un Herlock Sholmès.

— L’accusation que vous lancez contre notre personnel est bien grave, Monsieur, dit la baronne. Nos domestiques sont d’anciens serviteurs de la famille, et aucun d’eux n’est capable de nous trahir.

— Si l’un d’eux ne vous trahissait pas, comment expliquer que cette lettre ait pu me parvenir le jour même et par le même courrier que celle que vous m’avez écrite ?

Il tendit à la baronne la lettre que lui avait adressée Arsène Lupin.

Mme d’Imblevalle fut stupéfaite.

— Arsène Lupin… comment a-t-il su ?

— Vous n’avez mis personne au courant de votre lettre ?

— Personne, dit le baron, c’est une idée que nous avons eue l’autre soir à table.

— Devant les domestiques ?

— Il n’y avait que nos deux enfants. Et encore, non… Sophie et Henriette n’étaient plus à table, n’est-ce pas, Suzanne ?

Mme d’Imblevalle réfléchit et affirma :

— En effet, elles avaient rejoint Mademoiselle.

— Mademoiselle ? interrogea Sholmès.