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— Écoutez-moi, Monsieur, c’est très grave, je sais que vous allez rue Murillo.

— Que dites-vous ?

— Je sais… je sais… rue Murillo… au numéro 18. Eh bien, il ne faut pas… non, vous ne devez pas y aller… je vous assure que vous le regretteriez. Si je vous dis cela, ne pensez pas que j’y aie quelque intérêt. C’est par raison, c’est en toute conscience.

Il essaya de l’écarter, elle insista :

— Oh ! je vous en prie, ne vous obstinez pas… Ah ! si je savais comment vous convaincre ! Regardez tout au fond de moi, tout au fond de mes yeux… ils sont sincères… ils disent la vérité.

Elle offrait ses yeux éperdument, de ces beaux yeux graves et limpides, où semble se réfléchir l’âme elle-même. Wilson hocha la tête :

— Mademoiselle a l’air bien sincère.

— Mais oui, implora-t-elle, et il faut avoir confiance…

— J’ai confiance, Mademoiselle, répliqua Wilson.

— Oh ! comme je suis heureuse ! et votre ami aussi, n’est-ce pas ? je le sens… j’en suis sûre ! Quel bonheur ! tout va s’arranger !… Ah ! la bonne idée que j’ai eue !… Tenez, Monsieur, il y a un train pour Calais dans vingt minutes… Eh bien, vous le prendrez… Vite, suivez-moi… le chemin est de ce côté, et vous n’avez que le temps…

Elle cherchait à l’entraîner. Sholmès lui saisit le bras et d’une voix qu’il cherchait à rendre aussi douce que possible :