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telle ironie que Sholmès comprit la vanité de sa question.

Il se contenta d’explorer les poches de son captif, mais ses investigations ne lui valurent qu’un trousseau de clefs, un mouchoir, et la petite boîte en carton dont l’individu s’était servi, et qui contenait une douzaine de grenats pareils à ceux que Sholmès avait recueillis. Maigre butin !

En outre, qu’allait-il faire de cet homme ? Attendre que ses amis vinssent à son secours et les livrer tous à la police ? À quoi bon ? Quel avantage en tirerait-il contre Lupin ?

Il hésitait, quand l’examen de la boîte le décida. Elle portait cette adresse : « Léonard, bijoutier, rue de la Paix. »

Il résolut tout simplement d’abandonner l’homme. Il repoussa le casier, ferma la cave et sortit de la maison. D’un bureau de poste, il avertit M. Destange, par petit bleu, qu’il ne pourrait venir que le lendemain. Puis, il se rendit chez le bijoutier, auquel il remit les grenats.

— Madame m’envoie pour ces pierres. Elles se sont détachées d’un bijou qu’elle a acheté ici.

Sholmès tombait juste. Le marchand répondit :

— En effet… Cette dame m’a téléphoné. Elle passera tantôt elle-même.

Ce n’est qu’à cinq heures que Sholmès, posté sur le trottoir, aperçut une dame enveloppée d’un voile épais et dont la tournure lui sembla suspecte. À travers la vitre il put la voir qui déposait sur le comptoir un bijou ancien orné de grenats.