Page:Leblanc - Arsène Lupin, nouvelles aventures d'après les romans, 1909.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
ARSÈNE LUPIN

Scène II — Victoire : « Vous, je sais point ce que vous avez après moi ! »

ACTE III

Il n’y a pas d’entr’acte entre le deuxième et le troisième acte. Même décor. La nuit : lampes allumées. La fenêtre du fond est fermée. La scène est vide.


Scène I

GUERCHARD, LE DUC

Guerchard, penché sous le manteau de la cheminée. — Ça va, monsieur le duc. Ça n’est pas trop lourd ?

Le Duc, dans la cheminée, invisible. — Non.

Guerchard. — Le passage est suffisant ? Vous tenez bien la corde ?

Le Duc. — Oui… Attention !

Guerchard fait un bond en arrière. On entend un bruit formidable dans la cheminée, c’est un bloc de marbre qui est tombé.

Guerchard. — Nom d’un chien ! Encore un peu… j’y étais ! Ouf ! J’ai eu chaud. Vous avez donc lâché la corde ?

Le Duc. — C’est elle qui a lâché. Vous l’aviez mal attachée. (Il est descendu et apparaît recouvert d’un cache-poussière qu’il enlève. Il est en habit.) Mais vous avez raison, la piste est claire.

Guerchard. — Mais oui ! L’autre était enfantine. Les traces de pas dans le jardin, l’échelle, le guéridon sur le rebord de la fenêtre… C’est une piste qui ne tenait pas debout. C’est une piste pour juge d’instruction. Nous avons perdu toute une journée.

Le Duc. — Alors, la piste vraie ?…

Guerchard. — Nous venons de la voir ensemble. Les deux hôtels, celui-ci et l’immeuble voisin, lequel est inoccupé, communiquent.

Le Duc. — C’est une façon de parler… Ils communiquent par l’ouverture que Lupin et sa bande ont pratiquée dans le corps de la cheminée.

Guerchard. — Oui. C’est un truc assez connu. Les vols chez les grands bijoutiers s’opèrent parfois ainsi. Mais ce qui donne au procédé un cachet assez nouveau et de prime abord déroutant, c’est que les bandits ont eu l’audace de percer à trois mètres du foyer un orifice assez large pour pouvoir cambrioler tout un mobilier.

Le Duc. — C’est vrai, l’orifice s’ouvre en véritable baie dans une pièce de l’immeuble voisin, au deuxième étage. Ces brigands sont capables de tout, même d’un travail de maçonnerie.

Guerchard. — Oh ! tout cela a été préparé de longue main ; mais, maintenant, je suivrais leur piste, chacun de leurs pas, les yeux fermés. Car toutes les preuves nous les avons… fragments de cadres dorés, fils de tapisserie, etc… Une fois le cambriolage effectué, l’immeuble voisin étant vide, ils ont pu descendre tranquillement par l’escalier et sortir par la grande porte.

Le Duc. — Ils sont descendus par l’escalier, vous croyez ?

Guerchard. — Je ne crois pas, j’en suis sûr. Tenez, ces fleurs, je les ai trouvées dans l’escalier, elles sont encore fraîches.

Le Duc. — Hein ! mais j’ai cueilli des fleurs semblables hier à Charmerace. C’est du salvia.

Guerchard. — Du salvia rose, monsieur le duc ! Je ne connais qu’un jardinier qui ait réussi à