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Scène V — Sonia : « Oui, j’ai là mon argent, mon mouchoir… »

ACTE II

Un grand salon dévasté dans un hôtel ancien. À gauche, premier plan, une porte par laquelle entreront les gens qui viennent du dehors ; au fond, à gauche, en pan coupé, grande baie vitrée donnant sur un autre salon dévasté Au milieu de la pièce, une échelle double qui a servi aux cambrioleurs. Au fond, face au public, une fenêtre grande ouverte dont les volets sont brisés. L’un des volets est à moitié arraché et pend. Sur le rebord de la fenêtre, les montants supérieurs d’une échelle apparaissent. Un guéridon enjambe la fenêtre. La fenêtre donne sur les jardins de l’hôtel et sur une maison en construction. Au fond, à droite, en pan coupé, une grande cheminée en bois sculpté que masque un écran de tapisserie et des chaises renversées. À droite, deux portes : l’une au deuxième plan, condamnée, et devant laquelle est posé le coffre-fort : l’autre porte praticable, au premier plan. Aux murs, à gauche et à droite, galerie de tableaux, mais avec des vides. Dans chaque vide le nom d’Arsène Lupin est inscrit à la craie bleue.


Scène I

LE COMMISSAIRE, LE DUC, LE JUGE, LE SERRURIER

La scène est vide.

Le Commissaire, entrant vivement. — Oui, vous avez raison, monsieur le duc, c’est dans cette pièce que les cambrioleurs ont le mieux travaillé.

Le Duc. — Ce n’est pas étonnant, monsieur le commissaire, c’est ici que M. Gournay-Martin avait réuni ses plus précieuses collections. Puis il y avait aux portes des tapisseries flamandes du quinzième siècle, des merveilles, une composition charmante, de vieilles teintes fondues et colorées à la fois.

Le Commissaire, respectueux et empressé. — On voit que vous les aimez, monsieur le duc.

Le Duc. — Fichtre… d’autant plus que je les considérais déjà comme à moi. C’était le cadeau de noces personnel que m’offrait mon beau-père.

Le Commissaire. — Nous les retrouverons : soyez persuadé qu’un jour ou l’autre… Oh ! je vous en prie, monsieur le duc, ne touchez à rien. Il est nécessaire que le juge d’instruction se rende compte par lui-même… Le moindre objet dérangé peut le dérouter.

Le Duc, remonte au fond. — Vous avez raison. Ce qui m’inquiète, c’est la disparition de Victoire, la femme de charge.

Le Commissaire. — Moi aussi.

Le Duc, tirant sa montre. — Neuf heures et demie. Le juge d’instruction ne peut plus tarder.

Le Commissaire. — Non, il sera ici dans quelques minutes. Dès votre arrivée au commissariat, j’ai envoyé un exprès au parquet, avec un rapport sommaire, la lettre d’Arsène Lupin ou du soi-disant tel, l’escroquerie des automobiles, bref le résumé de vos déclarations et de vos premières découvertes. À l’heure qu’il est, le juge d’instruction en sait presque autant que nous. Évidemment, j’ai téléphoné aussi à la préfecture de police.