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ARMELLE ET CLAUDE

champs de lumière où se réfugiait leur imagination. Elle les enveloppa de toutes parts. Elle bâtit des murailles. Elle s’adapta fidèlement à leur forme. Et elle s’immobilisa.

Alors ils en furent réduits à eux-mêmes, à l’infime place que l’on occupe. Le monde entier fut contenu dans le temple où se célèbre le mystère des personnes. Et tout était si formidablement noir, que quelque chose au fond d’eux protesta contre cet envahissement des ténèbres.

— Oh ! dit la jeune femme, je sens en moi comme un effort de clarté. Cela me fait songer au clignotement douloureux des petites étoiles qui veulent luire.

— C’est la sensation de la vie, murmura Claude, la profonde et inexplicable sensation. Elle s’oppose vaillamment au néant de l’immensité et se manifeste par cette image de lumière en contraste avec la nuit souveraine. Et cela s’allume également en moi, et, de même, je vous évoque sous l’apparence d’une petite flamme pâle qui vacille