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ARMELLE ET CLAUDE

de mort dans la vie, dit Claude… nous éprouvons la souffrance de ceux qui sont dignes de souffrir sans cause. Mais on sort plus courageux de ces petits baptêmes de douleur.

Le soir, ils gravirent ensemble les marches de la tour jusqu’à la plate-forme qui la domine.

La nuit irradiait. C’était une nuit d’ombre infinie, où l’ombre naît d’elle-même, s’enfle, circule et rayonne, comme un élément formidable fait de la poussière des mondes et de leur diffusion à travers l’espace. Elle seule subsistait. Il n’y avait point d’autre bruit que le roulement de ses flots, ni d’autre parfum que son haleine tiède.

— J’ai l’impression de voiles tendus autour de nous, dit Claude, et, derrière eux, je devine des plaines ardentes, des villages illuminés, des mers de soleil, tout un éblouissant midi.

Mais la nuit se resserrait peu à peu, refoulant les incursions de leurs sens et de leurs pensées et investissant jusqu’aux