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ARMELLE ET CLAUDE

seil ? Certes je ne l’aurais pas interrogé. Encore m’eût-il fallu dominer certains instincts inférieurs. Or je n’y ai même pas pris garde. Quelle marque d’indifférence !

Et elle songeait, tandis que Landa marchait devant elle :

— Qui est cet homme ? Que me veut-il ? Que fait-il auprès de moi et qu’est-ce que j’attends de lui ? Pourquoi ce passant, cet étranger dans ma vie ? Personne, personne ne m’a paru si loin.

Claude se retourna. Il surprit sa peine. La même le hantait. Il lui dit tristement :

— Vous souffrez, n’est-ce pas ? moi aussi. Nous souffrons parce que nous avons voulu être moins seuls que jadis, et que nous sommes plus seuls que jamais.

— Je le suis au point que je ne sais plus si je vis. Il m’en faudrait quelque preuve certaine. Et rien ne me la donne, ni vous qui vous éloignez, ni les choses mêmes, car je m’en désintéresse. Tout s’éteint, tout s’efface.

— C’est la détresse de vivre… il y a tant