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ARMELLE ET CLAUDE

Ils retournèrent ensemble autour de la ville. Et ils n’eurent plus besoin d’implorer la muraille, ni de la hausser au rang d’idole qui bénit ou se refuse. Elle fut simplement la ruine où s’attestent les âges défunts. Elle fut le grand coffret de pierre où gît, comme une relique, l’immortel passé.

— Oh ! le passé, résuma Claude, comme j’en comprends l’aide maintenant ! Comme notre instinct mystérieux a deviné qu’il fallait nous baigner à cette source de sagesse et d’émoi ! Nous nous sommes dépouillés d’abord de nos vieux vêtements afin de nous laver de notre petit passé, à nous, si mesquin et si triste. Et aujourd’hui nous nous sentons une parcelle du grand passé des choses. Ainsi s’est dégagé un peu de notre âme essentielle, un peu de notre âme d’éternité. En la rattachant à celle d’autrefois, nous la faisons participer à des siècles de conscience.

Ils avaient donc raison de la chercher, cette âme morte et toujours vivante. Elle réside dans la vie, dans les faits, témoi-