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ARMELLE ET CLAUDE

lonne, il vient battre en écumant les parois qui l’enferment, et la lave des siècles et des siècles fermente dans l’immuable cuve de granit.

Mais un jour, comme ils se taisaient, le silence leur sembla tout à coup infiniment vide. Ils se regardèrent. Claude dit avec ironie :

— Nous avons l’air de deux braves chiens qui feraient les beaux devant une statue pour en obtenir une friandise.

Un doute navrant les accabla. Quel bénéfice leur valait cette évocation de batailles féodales et de surprises nocturnes ? Qu’éprouvaient-ils de si singulier qu’ils en pussent se réjouir ? Pourquoi l’admirable confiance avec laquelle ils demandaient à un vieux pan de mur et à une flaque d’eau l’aumône de quelque miracle ?

Désespérément ils implorèrent la sainte muraille. Ils en énuméraient les délices et les bontés avec la ferveur de dévots qui chantent les litanies et, dévidant le chapelet aux grains de pierre, ils réclamaient une