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ARMELLE ET CLAUDE

s’offraient-ils pieusement aux rayons de grâce qui fluaient de l’enceinte. Ils la contemplaient sans lassitude. Ils écoutaient de leurs oreilles attentives ce qu’elle pouvait bien dire dans le silence des matins et des soirs. Ils respiraient son haleine de fleurs sauvages et d’herbes humides. Et ils l’interrogeaient avidement sans trop savoir le sens de leur supplique, ni la réponse qu’ils espéraient.

Elle leur raconta son histoire. Elle dit la vaillance des citoyens, tous de rudes hommes de guerre fidèles à leurs ducs bretons. Elle dit la lutte tragique de Blois et de Montfort, la prise de la ville par Louis d’Espagne et l’incendie de cinq églises, l’entrée de Duguesclin et la défaite de Clisson. Elle dit aussi les longues périodes de paix où la cité fleurit derrière son bouclier de roc, où les sauniers s’assemblent avant de conduire vers les campagnes de France leurs mules chargées de sel et d’oignons.

Et ils étaient pleins d’affection et de fraternité pour tous ceux qui vécurent à son abri.