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ARMELLE ET CLAUDE

Et le linceul de l’eau enveloppe pêle-mêle les blessés et les cadavres.

Une fin d’après-midi, ils trouvèrent à l’enceinte un aspect incroyable.

Elle était toute rose. Toute rose, d’un rose pâle, elle semblait, la vieille parure de pierre, fraîche comme un collier de corail. Une nuée rose flottait contre elle. Du rose atténuait ses rides, comme un fard de jeunesse. Du rose voltigeait à travers les arbustes. Et il en retombait des lueurs sur l’eau morte. C’était, de très loin, du bord extrême de l’horizon, par-dessus la mer et par-dessus les dunes, c’était la caresse expirante du soleil.

Ils en furent enveloppés. L’air subtil et coloré les imprégna de bien-être. Leur vision des choses devint plus légère.

Claude dit :

— Évoquons quelque seigneur d’autrefois et sa dame. Ils se promènent comme nous autour de la ville. Comme nous, l’apothéose du vieux rempart les ravit. Et tenez, notre ombre, là-bas, n’est-ce pas la leur ?