Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
ARMELLE ET CLAUDE

elle dresse intacte l’orgueilleuse coiffure des créneaux. Plus loin, décapitée, elle n’offre plus que le travail harmonieux des mâchicoulis. Des fentes l’entr’ouvrent. Des brèches bâillent. Mais partout c’est la même teinte grise uniforme, couleur de temps. C’est la même mosaïque austère, faite de moellons inégaux et disjoints. C’est la même effervescence de végétation, folle, imprévue, luxuriante, s’autorisant de la moindre motte pour germer, de la moindre fissure pour s’échapper. L’œil de la meurtrière est un prétexte à sourcil de broussaille. Telle touffe se hérisse au bord d’un trou, comme un bouquet de poils en une oreille. À pleine gueule, les fenêtres crachent des fusées d’arbustes, des jets de valériane, d’œillets et de mauves. Le lierre surtout, maître des ruines, les habille à sa guise, cache ou respecte leur nudité, et déploie de sombres et fastueuses draperies.

Ils s’attardaient davantage aux endroits où subsistent les fossés. De l’eau dort encore