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ARMELLE ET CLAUDE

salle et lui montra l’admirable immensité qui se déployait :

— Voici les dunes au pied des collines, avec les marais salants et la multitude de leurs petits rectangles d’eau et de leurs petits cônes de sel. Dans la brume à gauche, le clocher carré du bourg de Batz, plus loin celui du Croisic. À droite, Piriac. Là-bas, la mer.

Claude soupira :

— C’est une bien belle réalité, mais c’est la réalité tout de même. Or, depuis hier, je vivais en pleine fantaisie et je m’y accoutumais. Ma chevauchée par la campagne vide, l’éclosion inattendue de cette ville extraordinaire, le pont-levis, les torches, l’escalier dérobé, je n’étais pas très sûr que tout cela fût véridique. Je croyais presque à un pays imaginaire. Cette nuit j’ai rêvé de batailles et je m’y démenais comme un preux des romans de chevalerie.

La mise en scène de leur rencontre les amusa. Mais ne se disposaient-ils pas à de plus hautes émotions par ces préliminaires