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ARMELLE ET CLAUDE

une grande pièce brillante. Armelle s’y tenait, debout.

Elle était vêtue très anciennement. Sa robe de velours violet galonnée de dentelles d’argent, et cerclée à la taille d’une grosse ceinture de fer, s’allongeait par plis souples en une traîne évasée. Ses cheveux blonds ondulaient autour d’un menu bonnet. Des pierres chargeaient ses doigts. Les manches pendaient jusqu’à terre, et les bras nus en émergeaient comme de deux calices somptueux. Elle souriait. Et ce n’était point un sourire issu de quelque sentiment intérieur, joie ou coquetterie, mais un sourire de beauté, sans autre raison que lui-même.

En vérité, cette fois, Claude n’eut besoin d’aucun effort et d’aucun mensonge. Il se rua hors du présent, délivré de la petite prison de temps où le destin nous enferme de telle année à telle année, avec la nostalgie des périodes défuntes ou futures. L’illusion fut sincère et totale, et rien en lui n’y résista. Il ne savait en quel lieu ni en quel âge il se trouvait transporté, ni ce