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ARMELLE ET CLAUDE

offre une année, deux années de ma vie, et je vous demande un an, deux ans de la vôtre.

Le visage d’Armelle marqua de l’étonnement. Elle ne comprenait pas.

— Une amitié, murmura-t-elle…

— Non, non, l’amitié a ses exigences et ses caprices. C’est encore un droit que l’on exerce et tout droit entraîne un abus. Et puis pourquoi classer un sentiment ? C’est ce besoin qui a limité les relations de l’homme et de la femme. On admet entre eux l’amour ou l’indifférence. N’y aurait-il pas un état intermédiaire qui participerait de l’amour pour l’essentiel et de l’indifférence pour l’accessoire ? On aimerait au point que les actes laisseraient indifférent. Somme toute, nous ne sommes jamais naturels les uns avec les autres. Dès que deux êtres sont en présence, une loi se dégage de leur rencontre, une loi de rapports qui résulte du rapport qu’il y a entre leurs caractères, entre leurs instincts, et l’on devrait y obéir sans se soucier d’aucune