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ARMELLE ET CLAUDE

tionnel, conforme à votre idéal, il est probable que vous accepterez un amour moyen qui vous apportera du moins une part de joies indispensables à connaître. Mais avant cette solution, vous contenterez-vous d’attendre ?

Elle avait baissé la tête. La menace de l’avenir souvent l’inquiétait. Sans répondre, elle l’interrogea des yeux. Et Claude dit :

— Pourquoi voulons-nous être libres ? Les gens, la foule des esclaves, affectent de croire que nous cherchons surtout à faire ce qui nous plaît. Non, vouloir être libre, c’est vouloir être mieux. La liberté, c’est le loisir de s’améliorer. Il y a toujours eu en vous, il y a maintenant en moi, un ardent besoin de nous développer selon les mesures invisibles de notre personnalité. Vraiment, je me sens gonflé d’effervescences nouvelles, et c’est parce que l’amour s’oppose à leur essor que je suis las de l’amour. Et cependant je sais que toutes ces forces intérieures s’évanouiront si le destin s’obstine à m’isoler. La personnalité intellectuelle peut gran-