Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
ARMELLE ET CLAUDE

sur les boulevards, derrière le voile des arbustes. Ils se sentirent en une grande solitude. Des oiseaux l’ornaient de grâce et de charme. Il faisait très doux et le printemps naissait.

— Avouez, dit Claude, que vous n’êtes pas complètement rassurée sur mon compte.

— Oh ! si, fit-elle, nous ne pouvons plus nous démentir, nous sommes enfermés dans un cercle de mots inexorables.

— Des mots qui sont des idées justes, n’est-ce pas ?

— Oui.

Il insista, d’un ton pressant :

— Donc il n’y a pas de malentendu entre nous. Vous trouvez comme moi que l’amour est une comédie, une humiliation, que c’est une école d’égoïsme, une lutte à qui aura le plus de prérogatives et le moins de devoirs. Qu’il le sache ou non, chacun considère l’autre comme sa proie, et se conduit d’ailleurs comme s’il le savait, tant il déploie de ruse et de ténacité, n’est-ce pas ? Que de fois je me suis surpris ourdissant des plans de