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ARMELLE ET CLAUDE

deux piliers gothiques, Joseph se réjouit de cette scène.

— C’était un art de foi et d’émotion, s’écria Claude, un art qui ne mentait point. Ces gens-là faisaient ce que nous ferions si nous étions croyants et sincères.

Ils longèrent la pelouse. Des reliques la parent. Debout, les gargouilles se dressent, la rainure de leur dos terminée en une petite bouche de poisson vorace. Des morceaux de saints alternent avec des tronçons de saintes. On dirait que le temps, ce curieux artiste, s’ingénie à leur casser le nez, à leur trouer le menton, à les scalper et à les mutiler, de façon à obtenir ces aspects de lépreux et de damnés pitoyables. Il donne de la douleur à la pierre.

Ils virent encore trois hautes vierges minces qui portaient majestueusement un lourd manteau de lierre à traîne houleuse, et ils revinrent s’asseoir devant le groupe des rois mages.

Le jardin était désert. Mais un fleuve tumultueux de gens et de voitures coulait