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ARMELLE ET CLAUDE

rable que le sien. Une telle désolation l’émut. Par un élan généreux, il s’écria :

— Si vous aviez consenti, nous eussions peut-être fait mieux…

Elle secoua la tête d’un air de doute. Claude insista, penché vers elle :

— Je suis sûr que nous ferions mieux, vous et moi… nous savons les écueils… vous m’aideriez… et j’aurais si peur de déchoir à vos yeux…

— Prenez garde, dit-elle en souriant, vous allez me parler comme l’autre soir.

Elle ajouta résolument :

— Non, il ne faut pas, vous l’avez dit : vous êtes empoisonné. Votre caractère, vos habitudes, vous obligent au vieil amour. Quant à moi, qui sait ce que je serais si j’aimais…

— Ainsi, vous n’avez pas aimé ?

— Je n’ai pas aimé… de cœur comme de corps, je suis vierge.

Elle prononça ce mot naturellement, sans orgueil ni gêne. Il sonna cependant de façon altière. Claude la contempla. Elle