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ARMELLE ET CLAUDE

plus aimée, m’a lassée plus vite encore que les autres.

Elle parlait sans colère. Un moment même elle s’attendrit :

— Comme j’aurais aimé, cependant ! Je tenais mon cœur dans ma main, comme un oiseau, prête à le laisser échapper. Que de fois il m’a fallu l’écraser pour qu’il ne s’en allât pas mal à propos.

Elle continua, plus sombre :

— Leur désir surtout m’exaspère. Il vous guette, toujours en embuscade, toujours attentif à la moindre défaillance, ils ont l’air de vous faire une grâce, en ne se jetant pas sur vous… Tout cela m’a découragée. L’amour n’est pas ce que je croyais. Le compromis de mensonges, d’esclavage et de brutalités que l’on m’offre me dégoûte. Je ne cherche plus. J’attends sans espoir et avec la conviction que ce que j’attends n’existe pas.

Il y avait dans son aveu une amertume et, dans sa voix, une résignation qui révélèrent à Claude un état d’âme infiniment plus misé-