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ARMELLE ET CLAUDE

jeune femme. Il pensa qu’elle espérait en cette intimité pour ramener une dernière fois l’harmonie de leurs âmes et orner d’une belle émotion les heures laides du départ. Pas un geste ne la punirait de sa confiance.

Elle montait vers lui d’un glissement continu. À travers ses paupières closes, il devina son visage. Une haleine fraîche le frôla. Les lèvres devaient se tendre.

Ses bras se raidirent. Ses doigts s’agrippèrent au banc. Puis les lèvres vinrent. Elles se posèrent sur son front, sur ses tempes, sur ses joues, traçant un chemin de baisers qui s’approchait de sa bouche. Alors il comprit.

Il eut un instant le vertige. Le désir le secouait d’une onde de folie. Il allait céder. Mais ayant ouvert les yeux, il rencontra les yeux d’Armelle et ils lui parurent si gênés et si timides qu’une immense pitié l’envahit pour celle qui s’offrait. Il voulut se dégager. Brusquement, en un sursaut d’énergie nerveuse, elle le saisit et balbutia :