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ARMELLE ET CLAUDE

tenace revint. Il la chassa. D’autres visions cruelles accoururent.

Il tressaillit. Armelle se coulait peu à peu contre lui, souple, insinuante et câline. Se dominant, il fut attendri de la peine que supposait un tel accès d’abandon et ne voulut pas y répondre par quelque brutalité. Il évoqua leurs malentendus, son piège sournois un soir de démence, tout le drame obscur de leurs instincts. Il se renversa, car le parfum des cheveux blonds lui grisait le cerveau.

Bientôt Armelle l’enlaça si étroitement que, à travers l’étoffe lâche de la robe, il sentit s’écraser sur sa poitrine le gonflement de la gorge. Il ferma les yeux afin de ne pas voir du moins. Cependant elle entrait en lui de tous côtés par l’odeur de sa chair et par le rythmé de son souffle et par le seul fait de sa présence. Il fut sur le point de crier :

— Épargnez-moi, Armelle.

Les restes vacillants de sa volonté s’unirent contre tout ce qui pouvait décevoir la