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ARMELLE ET CLAUDE

tacle de la nature, Claude songeait à l’époque où tous deux compatissaient à l’air minable de petites plantes malingres. Pourraient-ils jamais s’émouvoir, eux que ne secourait plus l’exaltation de leurs âmes mêlées ?

Mais un effleurement le surprit : Armelle était auprès de lui sans qu’il se fût avisé de son approche. Silencieusement, par gestes doux, elle s’assit à côtés, lui entoura le cou de son bras, croisa les mains et s’appuya la tête contre son épaule.

Il défaillit de gratitude. Un peu de son mal s’apaisait. Il n’osa l’en remercier, tellement l’effarait le bruit d’une parole, et ils regardèrent ensemble le paysage morne dont les efforts du soleil aggravaient la mélancolie. Claude se souvint de minutes analogues où le destin leur avait permis la même félicité. Était-ce la dernière de ces minutes et devait-il attribuer à l’imminence de l’adieu cette grâce suprême ? Son angoisse imagina le retour à Paris, la vie solitaire, les doutes inévitables. Et l’idée, l’idée