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ARMELLE ET CLAUDE

Elle le laissait faire, les bras inertes, le visage impassible. Ayant levé les yeux sur elle, il fut frappé de sa froideur. À quoi pensait-elle ? Il dénoua son étreinte.

Et ils ne bougèrent plus, l’un près de l’autre, et si loin l’un de l’autre.


Des jours s’écoulèrent. Ils les vécurent ensemble. Jamais toutefois, il n’y eut entre eux autant d’indifférence. Chacun pensait et souffrait à part. Les heures mornes sonnaient sans qu’une parole fût échangée.

Ils essayaient de voir l’avenir. Ils reconnaissaient que la vie à Guérande ou à Paris, dans des conditions d’amour analogues, était impossible. Alors indéfiniment se présentaient les deux issues, toutes deux aussi détestables, la rupture ou le mariage. Et de la première comme de la seconde, ils s’éloignaient avec horreur. Souvent Claude répétait :

— Non, n’est-ce pas, Armelle, nous ne nous quitterons jamais ?

— Nous ne nous quitterons jamais, répondait la jeune femme, distraite.