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ARMELLE ET CLAUDE

avec tous nos instincts, affranchis des préjugés stupides et des entraves gênantes, nous étions invincibles. Nous devenions vraiment les deux êtres libres, beaux, complets, graves et simples, que nous avions rêvé de devenir. Nous pouvions tendre la main aux autres… Au lieu de cela…

Il s’interrompit. La vision du rêve perdu le brisait. Ses lèvres tremblaient. Il ne réussit qu’à prononcer :

— Maintenant… Armelle… il faut rompre… Ou bien… ou bien…

Il n’acheva pas. Il la contemplait avec égarement et soudain, il s’abattit à ses pieds en gémissant :

— Je t’aime, Armelle, je t’aime à en mourir, ne me quitte pas, ne nous quittons jamais… je ne puis vivre sans toi… Oh ! mon Armelle, mon Armelle…

Il embrassait, comme un suppliant, les genoux de la jeune femme. Il roulait sa tête entre les mains abandonnées et il répétait :

— Mon Armelle, mon Armelle… aie pitié… ne me quitte pas…