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ARMELLE ET CLAUDE

Auprès des fenêtres, ils regardaient l’immensité comme un lieu de délices interdit à leurs pas. Ils étaient prisonniers de la ville. Elle ne leur ouvrirait ses portes que pour les jeter sur des chemins opposés où jamais plus ils ne se rencontreraient.

Cependant, au plus secret d’eux-mêmes, une voix incessante leur indiquait une issue par laquelle ils pouvaient fuir ensemble, la main dans la main. C’était la petite porte basse que Claude avait découverte. Il suffisait de se courber un peu.

Ils n’y voulaient point réfléchir. Si dangereuse qu’ils sentissent la tentation, ils n’admettaient pas qu’elle le fût assez pour avoir raison d’eux. Contre elle s’insurgeait la foule indignée de leurs convictions, de leurs espoirs et de leurs libres tendances. Et la bataille se déroulait dans les champs obscurs de leur cerveau, sans qu’ils cherchassent à voir clair, certains que l’idée ne s’acharnerait pas et s’en irait comme elle était venue.