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ARMELLE ET CLAUDE

Ils se confinèrent dans la tour, berceau et tombe de leur rêve. Ils la voulaient décorer de leurs joies dernières, comme de fleurs tristes, et, au départ, ils la fermeraient pieusement comme on ferme un sépulcre où repose quelqu’un que l’on aima.

Surtout ils affectionnaient l’une des chapelles formées par l’embrasure des fenêtres. Leurs songeries se plaisaient à la mélancolie de l’étendue, parmi les collines dénudées et les marais monotones.

Ils se prenaient souvent la main, ce qui déliait leur cœur et leurs lèvres. Ils s’affranchirent des silences farouches où chacun pleure au fond de soi, et les larmes de leur vie coulèrent ensemble. Ils s’entretenaient du passé. Ils analysaient leur amour. Et, une à une, se dévoilaient les causes de leur défaite.

Claude dit, montrant l’espace :

— Tant que nous avons vécu là, seuls, au milieu de la nature, nous nous sommes élevés, parce qu’elle nous mêlait à elle qui est pure et généreuse. Dès que nous