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ARMELLE ET CLAUDE

— Non, ce n’est pas possible… quoi ! On vous parlera, on vous fera la cour, on vous désirera, vous irez en des endroits où je n’irai pas… et je ne saurai rien… je ne pourrai rien… à peine si je vous verrai de temps à autre, en cachette… moi… moi qui voudrais vous enfermer comme une proie…

Sa souffrance future l’attendrit. Il s’agenouilla et lui dit doucement :

— Tout est fini, Armelle… je suis sûr que tout est fini… il y a des choses que je ne supporterai jamais…

— Mon pauvre Claude, murmura-t-elle, souffrirons-nous là-bas plus qu’ici ?

Elle vit de l’égarement dans ses yeux. Ils erraient comme des bêtes fauves en cage qui cherchent une issue. Sa pensée devait être ainsi, acculée, traquée, et toute sa vie, et leur vie à eux deux, était au fond d’une prison. Qu’allait-il dire pour les sauver ? Qu’allait-il faire ? Elle eut peur : les yeux semblaient se débattre. Il prononça lentement :

— Si nous nous épousions, Armelle ?