Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
ARMELLE ET CLAUDE

drait-il pas mieux se quitter que d’endurer ensemble un tel supplice ?

Jamais pourtant ils ne se virent davantage.

Et le désir aussi les martyrisait. Ne dût-elle être que passagère et se dénouer en une effroyable souffrance, la grande joie était là, à leur portée, infinie. Il leur suffisait de vouloir. Et même, sans le vouloir, ne céderaient-ils pas à l’affolement de leur chair, à leurs bouches qui se souvenaient, à leurs corps en révolte ? Ils vivaient dans l’angoisse continuelle d’une défaillance qu’ils souhaitaient de toute leur jeunesse et de toute leur énergie.

Quelques jours abominables se succédèrent. Souvent les effleura l’idée d’une séparation. La haine passait par souffles furtifs. Les amours-propres se cabraient. Ils s’aimaient éperdument.

Un incident brusqua les choses. Un matin Armelle accourut en hâte et dit d’une voix entrecoupée.

— Claude, j’ai reçu une lettre de mon