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ARMELLE ET CLAUDE

gens aux fenêtres enseignent le calme et la patience, mais aussi la soumission et l’effacement. Leur sagesse est faite de petits renoncements, de petits égoïsmes, de petites turpitudes. À défaut de grands drames, on devine la marche sourde des potins et des calomnies et l’enchevêtrement des conspirations quotidiennes, et de tout cela se compose l’atmosphère somnolente.

Ce que jadis, dans leurs flâneries autour de la ville, ils imaginaient comme un nuage épais et mouvant qui roule par les rues, baigne les maisons et bat la paroi des murailles, c’était l’air qu’ils respiraient aujourd’hui et dans quoi ils éprouvaient une sorte de béatitude à penser et à vivre. La lave des siècles qui bouillonne au fond de l’immuable cuve de granit et se cristallise au flanc des remparts, déposait en eux d’impalpables résidus. Et comme les vieux héroïsmes se sont évaporés et les belles flammes éteintes, ce qui persiste est un mélange insipide et grossier. Pourraient-ils s’en préserver, eux dont l’âme actuelle