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ARMELLE ET CLAUDE

per de moi pour vivre, hors de mon cerveau et de mon corps, une vie surnaturelle.

De quelle voix étrange il s’exprimait ! On eût dit qu’il se servait d’un organe nouveau, harmonieux et musical, à la fois apte aux inflexions tendres et frémissant d’exaltation sincère. Armelle, toute remuée, murmura :

— Oui, une vie de rêve dont les souffrances valent les joies.

Se penchant vers elle, il reprit :

— On n’a point conçu de plus noble attitude que de se mettre à genoux et de joindre les mains. Il faut être ainsi devant qui l’on aime. Il faut s’absorber dans une seule idée, s’affranchir de tout amour-propre, refuser tout plaisir étranger. Il faut agir comme si l’on tenait sa faculté d’agir de l’être que l’on aime. Notre vie commence où commence la sienne et finit où elle finit. Il est notre principe et notre but. Il nous crée incessamment. En dehors de lui il n’y a rien, il n’y a rien…

Elle lui saisit le bras et l’arrêta :