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ARMELLE ET CLAUDE

de repos et de paix, en voilant leur défaite avec des cris de triomphe. Quelle lâcheté ! Pourquoi essayaient-ils de flétrir leur idéal alors qu’ils en connaissaient la beauté divine ? S’ils ne pouvaient l’atteindre et s’aimer dignement devaient-ils proclamer que c’est un but chimérique et céder à l’illusion malsaine des mots troublants et factices ?

Sous toutes les excuses de lassitude, sous toutes les envies de tendresse et d’épanchement, ils virent que se cachait le piège de la chair. Partout l’embûche furtive se tendait. Toujours la chair inassouvie leur conseillait l’étreinte chaste pour profiter d’une faiblesse possible. Or ils ne succomberaient point. Succomber, c’était la victoire définitive des jalousies et des droits. C’était aliéner ce qui leur restait d’indépendance. Ils ne seraient pas amant et maîtresse. Une fois de plus Armelle l’avait senti en son épouvante du geste de Claude. Et Claude lui-même, s’il obéissait encore à la loi de l’instinct, ne paraissait pas admettre ce